« L’économie de fonctionnalité privilégie l’usage à la possession et tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes. » ADEME
Avec les débats actuels sur la diminution des impacts environnementaux d’un facteur 4 ou 10, l’important nombre des produits de grande consommation, leurs changements rapides et les flux de déchets qui en résultent, les approches « réparer au lieu de jeter » et « louer au lieu d’acheter » sont aujourd’hui d’actualité.
S’inscrivant dans cette logique, l’économie de la fonctionnalité est une approche émergente qui vise à remplacer la vente de produits par la vente de l’usage. C’est passer de l’économie du chiffre d’affaires à celle de la valeur ajoutée. Au-delà d’une « servicisation » de l’économie, il s’agit pour l’entreprise envers son client d’une contractualisation sur une performance d’usage et non plus sur la mise à disposition d’un produit. Elle propose ainsi une offre complète qui intègre au maximum les enjeux du territoire à travers des dimensions à la fois matérielles et immatérielles.
La valeur d'un produit pour le consommateur réside dans la fonction, donc les bénéfices qu'il retire de son utilisation en réponse à son besoin, et non dans la possession du produit en question.
Par exemple, dans une économie de la fonctionnalité, les consommateurs achètent – dans une certaine durée - de la mobilité plutôt qu’un véhicule, une climatisation constante à 18 degrés plutôt que du gaz ou de l’électricité, un service de nettoyage régulier plutôt qu'un lave-linge, etc. Dans une telle optique, la valeur économique du produit ne repose plus sur sa valeur d'échange, mais bien sur sa valeur d'usage.
Cette approche a un bon nombre d’exemples de réussite à son actif :
Le non-transfert de propriété incite les fabricants à favoriser la durabilité des produits et donc à diminuer la vitesse du flux de ressources en énergie et en matériaux. Il privilégie aussi l’utilisation intensive (mutualisée) qui en diminue le volume. Le remplacement de la vente de biens par la vente de services conduit donc au découplage de la création de valeur et de la consommation de ressources pour concilier augmentation du profit et diminution de la pollution.
En suscitant une réorientation de l’innovation, cette nouvelle approche apporte aux entreprises les moyens d’assurer la profitabilité de leurs nouveaux modèles économiques :
- moindre dépendance de l’approvisionnement,
- plus grande maitrise des produits sur le cycle de vie,
- compétitivité,
- fidélisation et plus grande proximité avec le client,
- informations plus précises sur l’utilisation des produits…)
Cette approche offre un concept utile et prometteur pour aller dans le sens de la durabilité, mais ce potentiel doit être vérifié au cas par cas. C'est seulement quand elle contribue effectivement à réorienter les tendances actuelles non durables dans la production et de consommation, qu'elle peut être considérée comme une approche durable (internalisation donc optimisation du coût d’utilisation et de maintenance, augmentation de la durée de vie, optimisation de la consommation de matières premières et d’énergie, création d’emplois (de service) non délocalisables, amélioration du service rendu au consommateur).
Ainsi, l’économie de la fonctionnalité permet le développement des entreprises et de leurs territoires en valorisant leurs ressources immatérielles (confiance, compétence, pertinence d’organisation, santé). Elles sont mobilisées à travers les jeux d’acteurs et la coopération aussi bien en interne (collectifs de travail) qu’en externe (clients et partenaires) et doivent être rémunérées à leur juste valeur. Il s’agit de revoir la chaîne de valeur en recomposant le système d’acteurs qui la constitue. Ces modes d’organisation doivent être facilités par une montée en compétences collectives et la mise en place de dispositifs d’innovation servicielle, d’évaluation et de professionnalisation afin de répondre au mieux aux besoins des consommateurs et plus largement des territoires. C’est par cette logique que seront non seulement pris en compte les enjeux environnementaux mais aussi les enjeux économiques et sociaux.
Source : ATEMIS
Le Réseau Alliances et la section Nord Pas de Calais du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) ont initié en 2012 une expérimentation permettant à des dirigeants de PME de s’engager sur l’évolution de leur modèle économique vers l'économie de la fonctionnalité. 22 dirigeants d'entreprises se sont engagés en 2013 sur un parcours d’accompagnement et travaillent sur l’évolution de leur modèle économique.
Le dispositif de formation et d’accompagnement a été mis en place avec le concours de deux experts, Christian du Tertre du Cabinet Atemis et Christophe Sempels, et le soutien de la Région Nord Pas de Calais.
Cliquez ici pour voir la vidéo sur la formation des entreprises. |
Objectifs:
Atemis, la CCI Grand Lille, le CD2E, le CERDD, le Centre des Jeunes Dirigeants, la région Nord Pas-de-Calais et le Réseau Alliances ont également lancé le Club Noé pour promouvoir l'économie de la fonctionnalité et de la coopération. Depuis 2012 les membres fondateurs (réseau Alliances et Centre des Jeunes Dirigeants du NPDC, en coopération avec Atemis et le Conseil Régional) ont déjà accompagné 50 entreprises. Le club Noé propose en outre à ses adhérents des groupes de travail et des plénières.
Avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, le CIRIDD (Centre International de Ressources sur le Développement Durable) a lancé entre septembre 2013 et septembre 2014 l'opération pilote ReliEF «Rhône-Alpes : Expérimenter L’Innovation par l'Économie de Fonctionnalité». Il s'agissait d'une action expérimentale où l’accompagnement d’entreprises vers l’économie de fonctionnalité utilise les outils méthodologiques développés à la fois par le CIRIDD et par l’Institut INSPIRE :
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5 entreprises auront finalement été suivies pendant une période d'environ 5 mois et ce sont vues remettre un document contenant les informations nécessaires pour décider de se lancer ou non dans une démarche d'économie de fonctionnalité. Les résulats et les enseignements méthodologiques ont fait l'objet d'une restitution à la mi 2014 (cliquez ici pour télécharger la plaquette de présentation de l'opération ReliEF).
Depuis le 1er juin 2015 une action collective également dénommée ReliEF prolonge l’opération pilote. Elle vise à accompagner 12 entreprises de la région avec la méthodologie NOVUS version 2.
Le CIRIDD a également lancé en septembre 2011 le Club d’acteurs pour une Économie de Fonctionnalité (club CLEF). Il vise à l’élaboration d’outils et de méthodes pour la sensibilisation, la formation et le diagnostic, ainsi que pour l’accompagnement des entreprises dans leurs projets individuels ou collaboratifs.
Macéo est une structure de soutiens au développement économique durable, dont le périmètre d’intervention est le Massif Central (sur 22 départements). Ses actions sont principalement le réseau, l’animation de projets, la mise à disposition de ressources, l’apport d’expertise…
En mai 2016 a été lancé le « défi entreprises » en Auvergne avec les soutiens financiers de l’ADEME pour accompagner trois entreprises vers l’économie de la fonctionnalité grâce à la méthode Novus. Accompagnement de six mois : individuel et temps de travail en groupe avec les autres entreprises.
Le projet PIST-ESF "Perspectives d'Innovations Sectorielles pour une Transition vers une Economie de Services et de Fonctionnalite" porté et animé par l'Institut INSPIRE et co-financé par la Région Provence Alpes Côte d’Azur a été lancé de 2011. La région est plus globalement engagée dans le programme AGIR qu'elle déploie afin de préparer sa transition vers une économie plus sobre en ressources naturelles, notamment en énergie, et plus créatrice d’emplois.
Le projet PIST-ESF a pour objectif de permettre l'émergence de transition vers une économie de fonctionnalité de tout ou partie de l'offre d'une entreprise.
Il s'est déroulé selon trois étapes majeures :
La phase de test de la méthodologie a été lancée en juin 2011 et le lancement officiel du projet était prévu pour la mi 2013.
Depuis février 2015, en région PACA, le club Cap EF propose à ses adhérents des ateliers, un accompagnement par des experts, des formations, un espace de rencontre, une mise en réseau... Il propose également des ressources ouvertes (retours d’expériences, vidéos…). Le club organise également des « promotions » d’une dizaine d’entreprises accompagnées vers l'économie de la fonctionnalité pendant 1 an. La première promotion lancée début 2015 comptait 11 entreprises, la promotion 2016 comptait 9 entreprises. La promotion 2017 a été ouverte aux inscriptions en 2016 pour un démarrage en novembre.
Idée Alsace est une association qui fédère les entreprises engagées dans l'économie de la fonctionnalité en Alsace. En 2016, 10 entreprises ont été accompagnées dans leur trajectoire d’économie de la fonctionnalité et de la coopération. Elles ont été sélectionnées parmi les adhérents à l’association CJD Alsace et Idée Alsace.
Le Réseau GRANDDE a lancé en 2014 un groupe de travail sur le thème de l’économie de fonctionnalité qui a débouché sur un programme d’action au sein duquel était prévu la création du Club Inné. La première rencontre du club a eu lieu en décembre 2015. Deux autres rencontres ont eu lieu début 2016.
Le club est un espace d’échanges sur l’économie de la fonctionnalité qui vise à identifier les pratiques, dynamiques, potentialités, moteurs, et enfin freins et limites du modèle. Il vise en outre à développer une dynamique d’économie de la fonctionnalité sur le territoire Normand.