Contraction usuelle de l’expression "diversité biologique", la biodiversité est "la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques ainsi que les complexes écologiques dont ils font partie ; ce qui inclut la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes." Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique, Nations Unies, Article 2, 1992. Cette notion est apparue avec les sciences de la conservation et l’écologie scientifique dans les années 80.
Le monde vivant est divers à tous niveaux :
La biodiversité dispense de nombreux bénéfices pour la vie sur Terre. L’Office Français de la Biodiversité (OFB) en dresse la liste suivante :
Mais la biodiversité est aujourd’hui marquée par une extinction massive des espèces. Dans sa première évaluation mondiale en 2019, l’IPBES (l’équivalent du GIEC) alerte sur la vitesse des changements induits par l’activité humaine dépassant nettement celle de la capacité d’adaptation des organismes vivants.
Toujours, selon l’IPBES, les activités humaines sont responsables de cette érosion de la biodiversité, à travers cinq facteurs majeurs qui influent sur la diversité biologique :
La théorie économique a longtemps considéré la nature et ses ressources comme éternelles et illimitées, de par leur gratuité. Cependant, les choix et comportements socio-économiques ont une influence sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. De plus, la biodiversité et les services fournis par les écosystèmes sont absolument nécessaires à de nombreuses activités économiques et au bon fonctionnement des sociétés humaines. Ils sont donc source de valeur pour la société même si cette valeur n’est pas toujours entièrement mesurable avec nos outils et unités actuels. Ne pas prendre en compte ces externalités peut alors mettre en danger économie et société.
Depuis près de 20 ans, diverses initiatives ont contribué à faire prendre conscience de l’importance de la biodiversité d’un point de vue économique et social, et du danger que représente sa dégradation, en particulier :
Cette multiplicité d’approches est bon signe pour la biodiversité car on ne pilote pas le vivant comme les tonnes de carbone.
Comme le rappelle le spécialiste Luc Abbadie, "le monde vivant ne peut être que changeant et hétérogène, il est hétérogène car il répond à sa propre hétérogénéité, son hétérogénéité est la garantie même de sa capacité à se maintenir, quoi qu’il arrive…"
ORÉE s’engage pour la priorité "Biodiversité et Économie" depuis presque 20 ans en animant des Groupes de Travail (GT), en organisant des colloques, en concevant divers outils et publications, et en participant aux manifestations et groupes de réflexion internationaux (Secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique, Global Partnership for Business and Biodiversity, Business for Nature, IPBES, UICN, etc.) et nationaux (Comité National Biodiversité, Office français de la biodiversité, etc.).
Ces travaux visent plusieurs objectifs :
TÉLÉCHARGER notre flyer Biodiversité & Économie
Signée par 150 chefs de gouvernement lors du Sommet de de la Terre à Rio en 1992, la Convention sur la diversité biologique (CDB) reconnaît, pour la première fois, la conservation de la biodiversité comme une « préoccupation commune à l’humanité » et une partie intégrante au processus de développement, puisqu'elle concerne les populations et leur besoin de sécurité alimentaire, de médicaments, d'air et d'eau, d'abris et plus généralement d'un environnement propre et sain dans lequel vivre. Cette convention vise trois objectifs :
Le protocole de Nagoya a été adopté à la COP 10 et possède 20 objectifs qui ont visé au partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles associées à ces ressources génétiques.
La COP 13 qui a eu lieu à Cancun au Mexique a marqué un tournant en faisant signer par près de 140 entreprises la déclaration du Cancun Business and Biodiversity Pledge portant sur l’intégration de la conservation et de l’utilisation durable de la biodiversité pour le bien-être.
Diverses initiatives se sont multipliées ces dernières années pour rendre visibles les engagements des acteurs économiques d’une meilleure prise en compte de la biodiversité dans leurs stratégies et leurs chaînes de valeur. 66 de ces initiatives ont été recensées dans le recueil coordonné par ORÉE avec l’appui du Commissariat général au développement durable du ministère de la Transition écologique et solidaire.
En 2021/2022, la COP15 de la CDB s’est tenue en format hybride. D’abord, virtuellement du 11 au 15 octobre 2021 où a été adoptée le 13 octobre 2021 la Déclaration de Kunming.
En décembre 2022 s’est tenue la deuxième partie COP15 à Montréal qui a abouti à l’adoption d’un accord cadre mondial de la biodiversité. Celui-ci pose 4 objectifs à 2050 et 23 cibles à 2030 permettant de les atteindre.
À l’horizon 2030, le cadre prévoit la conservation de 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés, la réduction de moitié de l’introduction d’espèces envahissantes, et la réduction des subventions préjudiciables à hauteur de 500 milliards de dollars des États-Unis par an.
La cible 15 enjoint notamment les pouvoirs publics à accompagner et inciter les entreprises à intégrer la biodiversité dans leur stratégie :
« Prendre des mesures juridiques, administratives ou de politique générale visant à inciter les entreprises à agir et à leur donner les moyens de le faire, notamment en veillant à ce que les grandes entreprises et les entreprises transnationales, ainsi que les institutions financières :
a) Contrôlent, évaluent et communiquent régulièrement et de manière transparente leurs risques, dépendances et incidences sur la biodiversité, y compris en prévoyant des dispositions applicables à toutes les grandes entreprises ainsi qu'aux entreprises transnationales et aux institutions financières concernant leurs opérations, leurs chaînes d'approvisionnement et de valeur, ainsi que leurs portefeuilles ;
b) Informent les consommateurs en vue de promouvoir des modes de consommation durables ;
c) Rendent compte du respect des dispositions et mesures relatives à l'accès et au partage des avantages, en tant que de besoin ;
afin de réduire progressivement les incidences négatives sur la biodiversité, d'accroître les incidences positives, de réduire les risques liés à la biodiversité pour les entreprises et les institutions financières, et de promouvoir des mesures propres à garantir des modes de production durables. »
Pour plus de détails, se reporter à notre décryptage de ce nouvel accord cadre mondial.
La Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l'engagement français au titre de la Convention sur la diversité biologique (CDB), ratifiée par la France en 1994. La SNB constitue une déclinaison majeure de la Stratégie nationale du développement durable (SNDD). Elle en respecte et applique les principes de bonne gouvernance issus du cadre de référence des projets territoriaux de développement durable et agendas 21 locaux, de la Convention d'Aarhus, de la Charte de l'environnement et de la loi de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement.
La stratégie 2011-2020, présentée le 19 mai 2011, a visé à produire un engagement plus important des divers acteurs, à toutes les échelles territoriales, en métropole et en outre-mer. Elle s'était fixée pour ambition commune de « préserver et restaurer, renforcer et valoriser la biodiversité, en assurer l'usage durable et équitable, réussir pour cela l'implication de tous et de tous les secteurs d'activité ». La stratégie se compose de 6 orientations stratégiques déclinées en 20 objectifs couvrant tous les domaines d'enjeux pour la société.
À la croisée de diverses parties prenantes, la première phase de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030 a donné lieu à la publication d’un volet pré-COP15 qui a fait l’objet d’un avis du CNB en mars 2022. La seconde phase a été dévoilée en juillet 2023 et a conduit au vote de l’avis du CNB le 16 octobre 2023. La version finale de la stratégie nationale biodiversité 2030 a été officialisée par la Première ministre le 27 novembre 2023, pour stopper puis inverser l’effondrement de la biodiversité.